Ils étaient tous les quatre bien calés dans leur chaise, les pieds en appui sur la terre ferme, animés par cette même nécessité de transmettre. Sur l’écran derrière eux, des images de Jasmine « leur bateau » poussée sur l’Atlantique par le courage et la détermination de ces quatre «papys». Sur les sièges de l’amphithéâtre, un public le souffle suspendu en réalisant l’ampleur du défi, le courage de l’action mais aussi celui de l’engagement. Chacun a exprimé en sa langue ce qu’évoquait cette traversée. Pour certains, ces quatre rameurs sont des «sportifs de haut niveau». Ceux qui ne sont pas du milieu sportif traduiront en disant que ce qu’ont fait ces hommes est de l’ordre de l’exploit. Pour d’autres, ce qu’ont fait ces quatre rameurs «inspire». En d’autres termes, il s’agirait de regarder le chemin de vie devant soi et de ne pas s’arrêter au premier carrefour. Pour eux? Ce fut une aventure humaine, un appel à la vie, une histoire d’amitié qui ne fait que commencer, un rappel de l’humilité qui s’impose face à la Nature, une nécessité de dire à chaque coup de rame que la vie ne s’arrête pas quand on est classé dans la catégorie dite «sénior», une affirmation que l’impossible est possible, une incitation à réaliser ses rêves de séniors, une déclaration que pour effectuer cette difficile traversée le soutien de tous leur a été indispensable. Et nous? Heureux d’avoir eu le privilège de les écouter, étonnés par leur humilité et leur amitié, emplis d’admiration, désireux de leur exprimer notre gratitude, touchés par la douceur du sourire sur leur visage, chanceux de les connaître. Ils sont partis pour transmettre un message très fort. Et si le message porté par cette traversée était aussi celui de la nécessité vitale du lien?
Anouk Sullivan